Quand Aristote divisa le monde en deux
Dans un tableau célèbre, « L’école d’Athènes », le peintre Raphaël opposa, sous les traits de Léonard de Vinci, Platon, l’index pointé vers le ciel, à son élève, Aristote, la paume de la main tournée vers le sol.
De cette manière, l’artiste voulait insister sur l’opposition entre les préoccupations métaphysiques du premier, tenant Le Timée, et la méthode scientifique du second qui porte L’Ethique.
Si pour l’illustre Platon, l’Univers que nous voyons n’est que la copie d’un monde intelligible, raison pour laquelle il nous échappe de telle sorte que l’astrologie ne peut conduire bien loin, pour Aristote (384-322 av. J.-C.) les choses sont autrement. Pour lui, l’individu peut, par l’expérience et la connaissance, comprendre le monde qui l’entoure.
C’est ainsi qu’il découvre (ou confirme) que les corps célestes forment des sphères concentriques tournant autour d’une Terre immobile et que les étoiles fixes représentent la dernière sphère au-delà de laquelle il n'y a rien: ni matière, ni espace, ni temps, ni vide.
Cet univers fini comprend deux régions aux propriétés physiques bien distinctes
: le monde supra-lunaire et le monde sublunaire (entre la Terre et la
lune). Dans le monde supra-lunaire, les astres ne subissent aucune
altération au cours du temps et sont animés d'un mouvement uniquement
circulaire autour de la Terre; dans le monde sublunaire (celui où nous
vivons) les choses sont soumises au changement, au hasard, au désordre
et sont donc imparfaites.
L’éther, cette substance divine dont sont faits les corps célestes
La
vision du monde supra-lunaire mérite qu’on s’y arrête un instant. Il
est fait état d’un élément fondamental, l’éther, une substance divine
tout en étant que la matière des corps célestes. Dieu primordial de la
mythologie grecque, personnifiant les parties supérieures du ciel,
Ether devient chez Aristote un supposé cinquième élément, composant la
sphère céleste, par opposition aux quatre éléments terrestres
classiques (eau, feu, air, terre). Cette vision ambiguë de l'éther
connaîtra un succès qui s'étendit bien au-delà de l'Antiquité. L'éther
ne s'effacera que devant la Théorie de la Relativité.
Pour résoudre le problème de la trajectoire des planètes (leur retour en arrière ou rétrogradation), Aristote imagina tout un système de sphères dont certaines ne sont là que pour faire tourner d'autres sphères.
A suivre : le Système de Ptolémée.