La Création voulue

17 octobre 2005

Quelle est cette différence ? C’est que l’univers puisse exister dans la pensée du dieu créateur avant même la création. Ici le combat primordial est abandonné. La Création procède d’une libre décision de Dieu. C’est lui qui organise, sépare, distingue les éléments.

Par rapport aux cosmogonies sumériennes, égyptiennes, grecques, hindoues ou même précolombiennes, la Bible présente une toute autre conception de la naissance des choses. Il s'agit d'un contre-exemple par rapport à ce que l'on pourrait appeler les mythologies du chaos.

Néanmoins il faut mentionner que, si les docteurs de la Loi n’ont pas intégré des mythes de cette nature dans le canon de la Torah, d’anciens textes hébreux évoquaient encore la lutte cosmique menée par Yaveh contre les monstres habitants les eaux primordiales.

Pour les croyants, la question du Dieu Créateur rejoint donc celle du sens. Il ne s’agit pas seulement de savoir quand et comment a surgi matériellement le cosmos, ni quand l’homme est apparu, mais plutôt de découvrir quel est le sens d’une telle origine : si elle est gouvernée par le hasard, un destin aveugle, une nécessité anonyme, ou bien par un Etre transcendant, intelligent et bon, appelé Dieu.

L'illustration ci-dessous provient de la célèbre "Chronique de Nuremberg" qui est l’œuvre de l’humaniste et érudit Hartmann Schedel (1440-1514), médecin à Nuremberg. Cette magnifique encyclopédie cosmographique est ornée de 1 089 gravures décrivant les âges du monde depuis la Création, l’ouvrage s’ouvre sur le récit de l’heptaméron biblique.

Le temps compté de la Genèse

Autre différence fondamentale qui apparaît dès les premiers versets de la Genèse : le récit se situe dans un temps compté à partir d’un commencement.

Un temps de nature linéaire, qui est historique.La Bible opère un renversement surprenant puisque la durée de la création est arrêtée, fixée, déterminée alors que, dans les autres cosmogonies, elle est incertaine : Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre […] Car en six jours l’Eternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s’est reposé le septième jour. Cette création est le fait d’une volonté qui ordonne aux choses et non l’invers.

Ce « commencement » implique d’abord que le monde n’est pas suspendu dans le vide; il propose ensuite de relier la création avec un certain plan divin; il prend enfin le contre-pied du nihilisme, du fait même d’une réalité préexistante, antérieure à la création même. Pour les croyants, cette réalité, c’est Dieu.