Galilée détrône le géocentrisme
"Ce nouveau Christophe Colomb, parvint à réunir les mondes
terrestre et céleste"
La fin du géocentrisme est proche. Elle peut être datée de
1610, date à laquelle un astronome inconnu né à Pise, fils d’un musicien
florentin, publie un ouvrage d’observations, le « Messager des
étoiles ». Dans ce petit livre, rédigé de telle manière que tous les
hommes instruits puissent le lire, Galileo Galilei (1564-1642) soutient que la
Lune n'est pas une sphère parfaite mais se révèle montagneuse et
accidentée. La « lumière cendrée » n'est rien d’autre que le
clair de Terre reflété par la Lune.
Aussitôt Galilée devient premier mathématicien du Studium de
Pise et premier mathématicien et philosophe du Grand Duc de Toscane. Il reçoit
l'appui d'astronomes illustres comme Kepler ou encore Clavius, chef des
astronomes du Pape.
Poursuivant ses recherches, il fait de nouvelles découvertes
qui se révèlent capitales. En pointant sa lunette sur Vénus, il observe des
phases, comme celles de la Lune, et des variations de sa taille apparente. Pour
lui, cela ne fait aucun doute : la planète tourne autour du Soleil et se
déplace par rapport à la Terre.
Galilée concluait que tous ces objets célestes appartenaient
au même monde que le nôtre. Ils ne pouvaient en être dissociés. La géographie
céleste fut bouleversée.
Galilée, ce nouveau Christophe Colomb, parvint à réunir les
mondes terrestre et céleste. L’Univers était désormais considéré comme partout
identique et homogène.
Très vite connu dans toute l’Europe, Galilée a conscience
que, de la seule observation, il ne peut convaincre ses semblables de la
fausseté du système de Ptolémée. Mais il ne sait pas encore qu’à l’issue de son
aventure il sera le plus célèbre des accusés.
La lunette : un nouveau regard sur l'univers
Tout cela ne fut possible que grâce à l’emploi d’un
instrument nouveau : la lunette. Si le premier traité au sujet de la lentille
revient au Napolitain Giambattista della Porta, c’est le lunetier et faiseur de
spectacle hollandais Hans Lipperhey ( ?-1619) qui déposa le premier brevet
d’invention relatif à la lunette en 1618.
Galilée copia l’instrument qu’il
présenta déjà à Venise au mois d’août 1609.
Grâce à la lunette, Galilée montra l’aspect montagneux de la
Lune, la densité incroyable des étoiles dans la Voie Lactée, les phases de
Vénus, les taches sur le soleil et les quatre satellites autour de Jupiter (les
astres médicéens, nom choisi en l’honneur de Cosme de Médicis).
La nature est un langage mathématique
Convaincu
que le chercheur est capable de découvrir des lois mathématiques qui
pré-existent dans la nature, Galilée se place au même rang que le
Créateur ce qui lui attire de nombreuses inimitiés. A travers la
mécanique, il étudie les phénomènes sensibles en sachant que leur
connaissance viendra de mesures non pas exactes mais approchées. C'est
ainsi qu'il découvrira la fameuse loi de la chute des corps. On sait
que, vers 1590, Galilée étudia la chute des corps :
il vérifia que des objets de masses différentes chutent identiquement
(contrairement à ce qu'affirmait Aristote).
Nous
laissons le lecteur approndir ce domaine des recherches pour nous
intéresser au principe d'iunertie qui réintroduit l'éternel argument de
la flèche.
Il existait un obstacle capable d’affaiblir le système
héliocentrique : le fameux argument de la flèche. Si la terre n'est pas fixe et
possède un mouvement propre dans le système solaire, on ne comprenait pas alors
pourquoi, sur Terre, nous ne sentions pas du tout ce mouvement. Si je tire une
flèche à la verticale, comment comprendre que cette flèche retombe pile à
l'endroit d'où elle a été tirée, et pas légèrement à coté, dû au mouvement
propre de la Terre par rapport au Soleil ? Si nous ne ressentons pas les effets
du mouvement de la Terre, c'est que nous sommes entraînés par elle dans
l'espace : quand nous sommes reliés à elle sur sa surface, elle nous communique
la vitesse qu'elle a par rapport au soleil, et le principe d'inertie nous dit
que nous devons conserver cette vitesse, donc ce mouvement. Si la flèche
retombe à la verticale, c'est par ce que son inertie l'oblige à suivre la Terre
: pendant sa chute, la Terre s'est déplacée par rapport au Soleil, mais la
flèche a fait de même, donc au total, la flèche ne s'est pas déplacée par
rapport à la Terre.
1632 - Démonstration en faveur de l’héliocentrisme :
« Dialogue sur les deux grands systèmes du monde »
Qu’il y ait des cratères sur la lune, c’est une chose, mais
que la Terre tourne c’est différent. Galilée veut convaincre. Dès l’été 1610,
d’obscurs enseignants des universités de Bologne et de Pise l’attaquent mais la
faiblesse de l’argumentation rend inoffensives ces premières critiques. Le
problème des taches solaires l'oppose aux thèses d'un jésuite : le père
Scheiner soutient la thèse aristotélicienne de la perfection immaculée du
Soleil, corps céleste le plus parfait, roi du ciel, image de la gloire divin.
Plus tard, à l’occasion d’une discussion technique, Galilée est obligé de rejeter les propositions d’Aristote sur les corps lourds et les corps légers. Les professeurs de Pise, qui enseignent ces idées, sont directement mis en cause. Ils pensent attirer Galilée sur le terrain religieux pour démontrer que son système est directement en contradiction avec la Bible. Dans un nouvel ouvrage publié en 1632, « Dialogue sur les deux grands systèmes du monde », Galilée invente une discussion imaginaire entre Simplicio, le représentant des idées de la philosophie traditionnelle, et, d’autre part, Salviati et Sagredo, des candides qui se passionnent pour les sujets scientifiques. Au cours du dialogue, Galilée fait dire à Salviati ses convictions sur l’héliocentrisme.
SALVIATI : (…) Or, nous avons divisé l'univers
en deux parties, l'une étant nécessairement mobile, l'autre immobile; pour tout
ce qui peut dépendre de ce mouvement général, faire bouger le Terre revient au
même que faire bouger tout le reste du monde, puisque ce mouvement n'agit que
sur la relation entre les corps célestes et la Terre et que seule cette
relation change.
Or si le seul mouvement de la Terre, tout le reste de
l'univers étant au repos, suffit pour arriver exactement au même résultat qu'un
mouvement commun à tout l'univers, la Terre étant au repos, qui voudra croire
que la nature (tous s'accordent à penser qu'elle ne met pas en oeuvre beaucoup
de moyens quand elle peut se contenter de peu) ait choisi de mouvoir à une
vitesse inconcevable un nombre immense de très grands corps, pour produire un
résultat auquel suffirait le mouvement modéré d'un seul corps tournant autour
de son propre centre ? (...)
Juin 1632 Le procès de Galilée
Dans la Bible, on peut lire que Josué arrêta le Soleil ce qui veut
dire que le soleil est mobile et tourne autour de la Terre et non l’inverse.
Des scientifiques renommés comme Lodovico della Colombe ou Niccolo Lorini font
pression pour que l’Eglise prenne position sur la controverse. En 1611 déjà, le
cardinal Bellarmin invitait les savants à considérer le système héliocentrique
comme une simple hypothèse scientifique. Au cours d’une audience avec le saint
homme, en février 1616, Galilée avait pensé convaincre de sa bonne foi. Mais,
en 1621, le cardinal décède. Le pape Urbain VIII sera le protagoniste de la célèbre condamnation.
« Le Dialogue sur les deux principaux systèmes du monde » publié
en 1632 sera analysé par l’Eglise comme une provocation. Le livre est interdit.
Galilée, âgé de 69 ans, sera condamné par l’Inquisition à lire un
acte public d’abjuration. Les textes officiels de la condamnation sont diffusés
dans les écoles et les universités à titre avertissement. Placé à Sienne sous
la tutelle d’un archevêque ami, assigné ensuite à résidence dans sa maison
d’Arcetri, Galilée devint aveugle. Il rejoindra Florence où il décèdera le 8
janvier 1642.
L'acte public d'abjuration :
[…] Nous disons, prononçons, sentencions et déclarons que toi
Galilée, pour les raisons déduites au procès et que tu as confessées ci-dessus,
tu t’es rendu envers ce Saint-Office véhémentement suspect d’hérésie, ayant
tenu cette fausse doctrine et contraire à l’Écriture Sainte et Divine, que le
Soleil soit le centre du monde et qu’il ne se meut pas de l’Orient à
l’Occident, et que la Terre se meuve et ne soit pas le centre du monde, et que
l’on puisse soutenir et défendre comme étant probable une opinion après qu’elle
a été déclarée par définition contrariant la Sainte Écriture; et conséquemment
tu as encouru toutes les censures et peines imposées et promulguées par les
Sacrés Canons et les autres constitutions générales et particulières, contre de
tels délinquants. De celles-ci, Nous sommes contents de te délier, à condition
que dès maintenant, avec un coeur sincère et une foi non feinte, tu abjures, maudisses
et détestes devant nous les susdites erreurs et hérésies, et toute autre erreur
et hérésie contraire à l’Église Apostolique et Catholique, de la manière et
sous la forme prescrite par Nous. Et toutefois afin que ta grande faute, pernicieuse
erreur et transgression que tu as faite ne demeure tout à fait impunie, afin
que tu sois à l’avenir plus retenu et serves d’exemple aux autres pour qu’ils
s’abstiennent de semblables délits, le livre des Dialogues de Galileo Galilei
soit prohibé. Nous te condamnons à la prison formelle de ce Saint-Office, à
Notre arbitre, et pour pénitence salutaire t’enjoignons de dire trois ans
durant une fois la semaine les sept Psaumes de la pénitence, Nous réservant la
faculté de modérer, changer ou lever, en tout ou en partie, les sus-dites
peines et pénitences. […] Eppur si muove! (Et pourtant, elle tourne!) cette
phrase légendaire fut inventée un siècle après la mort de Galilée, en 1757 à
Londres, par Giuseppe Baretti, un journaliste brillant mais pas toujours
crédible.
A suivre : la naissance de l'astronomie