Puis vinrent les Milésiens

17 octobre 2005

A côté de conceptions qui se veulent mythologiques, quelques philosophes de l’Antiquité proposèrent d’autres idées pour décrire le fonctionnement de la nature.

Si, ces explications pseudo-rationnelles ne valent finalement pas mieux au regard de nos connaissances actuelles que les croyances en vogue, ce qui est totalement nouveau, c’est qu’elles abandonnent toute référence à la religion, à la croyance, aux superstitions pour choisir la voie de la raison et de l’abstraction. Pour ces philosophes, le monde serait compréhensible sans l’intervention des dieux.

C’est tout le particularisme de la cosmogonie des Grecs du VIIème au Vème siècle inclus que de proposer une théorie cosmogonique dont l’idée de création est totalement étrangère.

Partons des conclusions : l’univers sera représenté comme un ensemble de machines fonctionnant à partir de l’eau (Thalès), de l’air et du feu (Anaximandre) ou simplement de l’air (Anaximène).

Parmi les représentants de cette pensée, il y a Thalès de Milet (624 ? – 548 ? av. J.-C.) qui est considéré comme le fondateur de la philosophie des physiciens ou physiologues. Ceux-ci se préoccupaient de chercher des causes naturelles et marquaient leur opposition aux spéculations des théologiens recourant aux mythes et aux explications surnaturelles. En affirmant que l'eau est le principe de toutes choses, idée que l’on retrouve chez les Babyloniens, les Egyptiens, et même chez Homère, Thalès a eu le mérite de ne pas se demander ce qui était avant ce qui est, mais de chercher de quoi le monde est fait.

Un autre philosophe, Anaximandre de Milet (v. 611 av. J.-C.-v. 547 av. J.-C.) considère la Terre comme suspendue immobile au centre de l’Univers, les divers corps célestes sont équilibrés tout autour par quelque règle invisible.

Si ce foisonnement d’idées sera emporté par la réaction platonicienne, je dirai que l’on trouve ici déjà les bases de la cosmologie des siècles à venir :

1. La mesure: pour la première fois, Anaximandre propose une sorte de table de l’univers. Il fait mention de distances précises. La roue des étoiles a pour rayon interne 9 diamètres terrestres.

2. L’organisation : l’harmonie des sphères est introduite par l'école pythagoricienne. On la retrouvera encore chez Kepler.

3. L’utilisation de la sphère: la Terre est une sphère et les étoiles entourent la Terre sur une sphère. Les sept astres non stellaires connus (le Soleil, la Lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne) sont chacun sur une sphère autour de la Terre.

Ce sont les piliers sur lesquels prendra place tout naturellement le monument du géocentrisme. Une bien curieuse construction mêlant des observations scientifiques et des présupposés archaïques.

Quel est le but qui vaudrait que l'on choisît de naître plutôt que de ne pas exister ? Spéculer sur le ciel et sur l'ordre du cosmos entier. Anaxagore (Vème siècle av. JC)